Interview Alumni : Vanessa Lenerand, chef de service au SESSAD de Martinique

Interview Alumni : Vanessa Lenerand, chef de service au SESSAD de Martinique

Vanessa, aujourd’hui chef de service au SESSAD (Service d'éducation spéciale et de soins à domicile) de Martinique, nous livre son parcours très studieux. Arrivée un peu par hasard dans le secteur sanitaire et social, elle a eu différentes expériences au sein du SESSAD et changé de poste après différentes formations. Elle arrive aujourd’hui au bout de son doctorat.  

Bonjour Vanessa, pouvez-vous nous en dire davantage sur votre parcours ?

J’ai commencé par valider mon baccalauréat au lycée général et technologique Joseph Gaillard en Martinique. Ensuite, j’étais indécise sur le choix de mon parcours professionnel, j’ai donc commencé par faire une année en droit à l’université des Antilles et de la Guyane. C’était un cursus qui ne me correspondait pas forcément, je souhaitais faire un BTS en alternance dans le domaine bancaire, mais il était difficile à l’époque d’entrer dans ce secteur, d’autant plus en alternance. 

C’est alors à ce moment-là que j’ai fait une prépa travailleur social et éducateur spécialisé en 2009-2010 en Martinique. J’ai commencé à découvrir le monde du social, qui m’a beaucoup plu et je me suis présentée aux concours d’entrée pour la formation d’éducateur spécialisé dans plusieurs écoles : l’IRTS de Melun, l’IRTS de Montrouge et l’IFMES en Martinique. J’ai validé ces 3 concours en 2010 et j’ai obtenu mon diplôme en 2013, en Martinique.

Suite à l’obtention de mon diplôme, je suis directement entrée sur le marché du travail en faisant des remplacements dans le secteur du handicap, les troubles neurodéveloppementaux (autisme et déficience intellectuelle). Pendant cette période d’un an et demi, j’ai continué à me former, car je ne travaillais pas à 100%. J’ai fait une licence Sciences de l’éducation en 2013-2014, puis j’ai poursuivi en master option Éducation et Formation que j’ai obtenu en 2016. En septembre 2015, j’obtiens mon premier CDI en tant qu’éducatrice dans un SESSAD ou j’effectuais des remplacements.

En 2017, j’ai commencé un doctorat, que je vais finir cette année. J’arrive au bout de ma thèse qui porte sur la collaboration inter-organisations et inter-groupes professionnels dans une perspective inclusive en Martinique. Ce travail est l’aboutissement de mes années d’études, où j’endosse une double casquette : chercheur et professionnelle.

Mon objectif est de faire bouger les lignes en Martinique. 

Pour revenir à mon parcours professionnel, iI se trouve qu’une ouverture de poste se faisait au SESSAD où je travaillais.  C’était un poste de coordinatrice de parcours complexes qui s’inscrivait dans une dynamique d’évolution du médico-social. J’ai été recruté en interne et  je devais me former, j’ai donc rejoint ENSEIS en 2019 à Lyon pour suivre une formation alternée avec 2 jours de cours par mois. De prime abord, ma formation à ENSEIS m'a apporté de  la technicité pour le poste de coordinatrice au SESSAD, et une nouvelle manière d’accompagner des jeunes inscrits en liste d’attente. 

Aujourd’hui, je suis toujours au sein de la même structure, tout en évoluant au poste de chef de service de dispositifs inclusifs regroupant un PCPE (pôles de compétences et de prestations externalisées) , une EMAS (Équipe Mobile d’Appui à la Scolarisation) et une UEMA (unités d'enseignement en maternelle).

En quoi consiste le métier de chef de service ? 

Spécifiquement, c’est un métier qui demande d’être au cœur du virage inclusif et être ouvert au travail en réseaux, en partenariat sur un territoire. 

De plus, c’est un métier où le management d’équipe est central. J’accompagne une dizaine de professionnels sur le plan technique dans les 3 services que j’ai pu citer précédemment, afin de :

  • Construire des parcours structurés et avoir des prestations étroitement liées pour répondre aux besoins des usagers. 

  • Penser des interventions qui sont indirectes auprès de professionnelles de l'éducation nationale

  • Favoriser l'inclusion scolaire des enfants autistes dans le milieu ordinaire. 

C’est également un métier qui demande des compétences en matière de gestion que ce soit  pour les budgets des services ou encore les prestations qui y sont liées.

Comment avez-vous géré la crise sanitaire ? 

Nous avons toujours connu des situations difficiles dans le domaine sanitaire et social, la crise a simplement mis en lumière certaines de ces carences sans révolutionner ce que l’on vit déjà au quotidien. Je pense qu’il y a un manque de reconnaissance de notre secteur, malheureusement.

La crise nous a surtout appris à utiliser des outils et à avoir une nouvelle façon de travailler, notamment avec le développement du numérique. Cependant, il y a des limites à l'utilisation de ces outils puisque nous sommes dans un secteur où nous travaillons avec de l’humain, et il ne faut pas oublier l’importance des interventions directes des travailleurs sociaux pour maintenir le lien social.

Quel est le plus gros défi de votre métier ? 

La plus grande difficulté est le management des ressources humaines dans le contexte de restructuration et de mutations du secteur médico-social.

La seconde difficulté est que nous sommes soumis à l’obligation de résultats avec des indicateurs dans un temps donné, à l’optimisation des moyens et que nous devons parallèlement à cela, garder une dimension qualitative dans l’accompagnement.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

Ce que j’aime, c’est de pouvoir accompagner et sécuriser le parcours des personnes en situation de handicap. Notre secteur est en perpétuelle évolution, tout ce qui est existant sera, un jour, remplacé, modifié ou complété.

Avez-vous d’autres projets professionnels ? 

Pour le moment, je ne me projette pas sur la suite, les dispositifs que je gère sont récents et il y a matière à les développer, notamment avec les particularités locales en Martinique. Je compte encore garder mes fonctions… 

Avez-vous un conseil à donner aux jeunes diplômés qui s’apprêtent à intégrer le marché de l’emploi ? 

La formation de coordinateur de parcours apporte une nouvelle approche dans la transformation du médico-social. C’est un secteur qui a un avenir certain, car l’humain est au centre. Je vous conseille d’aller vers des structures qui correspondent à vos valeurs et où vos compétences seront reconnues en tant que coordonnateur. 

Quelles sont les qualités à avoir dans le monde des travailleurs sociaux ?

Ce sont principalement des qualités intrinsèques qui sont essentielles, comme l’altruisme. Il faut avoir de réelles qualités humaines, avoir de l’empathie, de la patience et être à l’écoute des besoins de ses collaborateurs ainsi que des usagers. En effet, il faut avoir une capacité à travailler avec les autres car nous avons de nombreuses interactions et il est important de pouvoir mutualiser et partager les compétences de chacun.

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