Interview alumni : Julien Ergand, coach professionnel et animateur démarche qualité

Interview alumni : Julien Ergand, coach professionnel et animateur démarche qualité

Après plusieurs années d'expérience au sein de la CPAM du Rhône, Julien souhaitait évoluer et prendre la responsabilité d'un établissement médico-social. Il s'est alors tourné vers l'ENSEIS pour suivre un CAFERUIS, diplôme qu'il obtiendra en 2017. Six mois plus tard, Julien intégrait le foyer de vie d'Yzeron, dans un premier temps en tant que chef de service, puis en tant que Responsable d'établissement. Aujourd'hui, et ce depuis début septembre, Julien a quitté ses fonctions de responsable pour se lancer à son compte en tant que coach professionnel et animateur démarche qualité. A travers cette interview, il revient sur son parcours et nous partage son expérience.

 

Bonjour Julien, pouvez-vous nous en dire davantage sur votre parcours ?


J’ai majoritairement un parcours universitaire : J’ai commencé par une licence en psychologie puis un Master de Criminologie et Sciences politiques à l’Université de Montréal. Je suis ensuite revenu en France pour un Master 2 à Sciences Po Toulouse spécialisé dans les problématiques urbaines. J’ai eu notamment l’occasion de faire un stage au sein de la préfecture des Bouches du Rhône à Marseille.

J’ai ensuite continué par une préparation au concours d’officier de gendarmerie et puis une deuxième pour attaché territorial. N’ayant pas été sélectionné, j’ai donc fait le choix de venir sur Lyon pour rejoindre ma famille et intégrer par la même occasion la CPAM du Rhône en tant que conseiller itinérant. Je suis ainsi intervenu pendant 5 ans en zones difficiles et auprès de populations vulnérables pour leur assurer une couverture maladie, comme par exemple au sein d’associations de toxicomanes. Cinq ans plus tard, j’entends parler d’un diplôme qui pourrait me permettre d’endosser le rôle de manager au sein d’un établissement du médico-social, le CAFERUIS ; j'intègre ainsi l’ENSEIS en 2016 pour suivre cette formation. J’ai l’occasion de faire un stage au foyer d’accueil médicalisé de Saint-Cyr au Mont d’or durant 6 mois, puis un autre au sein de l’AFEV à Lyon, une association impliquant les étudiants dans des démarches solidaires. J’étais alors chargé de mission pour monter un projet de colocation solidaire pour des jeunes en difficulté. 6 mois plus tard, j’ai l’opportunité d’intégrer l’association la Roche et notamment le foyer de vie d’Yzeron en tant que chef de service puis responsable d’établissement pendant 5 ans et demi. 

Aujourd’hui et ce depuis quelques semaines, je me suis lancé à mon compte en tant que coach professionnel et animateur démarche qualité en ESMS. Je passe actuellement toutes les certifications pour pouvoir exercer en tant que tel.

Parlez-nous de votre expérience en tant que responsable d’établissement à l’association la roche ? 

 

Au sein du foyer de vie, je gérais 30 salariés répartis en 5 équipes :

  • Des veilleurs de nuits,

  • Des référents de projets et coordonnatrice de parcours,

  • Des accompagnatrices à la vie quotidienne,

  • Des animateurs et permanents d’accueil,

  • Des services généraux ( agent d’entretien, cuisinier, commis de cuisine, agent administratif et infirmière coordinatrice…).

 La majeure partie de mon travail consistait au management d’équipe et la gestion budgétaire et administrative de l’établissement ; ainsi que de la gestion de projet et accompagnement au changement : Ce fut notamment l’occasion d’une révolution et bouleversement des pratiques d’accompagnement au sein du foyer. Cela n’a pas été simple pour les équipes qui ont dû radicalement transformer leurs pratiques et perceptions du métier, mais la réussite fut au rendez-vous. La qualité des accompagnements s’en est ainsi grandement améliorée.

J’ai aussi été membre du comité technique évaluation et qualité au sein de l’association la Roche et Coordinateur des évaluations internes.

 Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?

Cela a été très compliqué. Nous avons eu deux épidémies au sein de l’établissement. Fort heureusement aucune forme grave de maladie chez les personnes concernées ou les collaborateurs. Cependant, une très grande partie du personnel est tombée malade, réduisant très fortement les effectifs. Je ne sais pas si j’ai moi-même attrapé la maladie car je n’ai jamais eu aucun symptôme ; Il m’est arrivé de travailler 15 jours d’affilés afin d’être présent pour les équipes en forte tension. Une période que l’on n’apprécie guère se remémorer. 

Vous êtes aujourd’hui coach professionnel et référent animateur démarche qualité, pourquoi être devenu indépendant ?

 Je souhaitais me mettre à mon compte et devenir coach professionnel pour réunir ce qui me plaisait le plus dans mon précédent métier : accompagner les professionnels à trouver par eux-mêmes leurs solutions aux problématiques, l’impulsion vers le changement et la transformation, la remise en cause et l’amélioration constante des pratiques ; j’ai ainsi souhaité conserver cette double casquette entre coaching et démarche qualité.

Ces deux prestations permettent ainsi de répondre aux besoins actuels du monde du travail, et notamment du médico-social : évolutions des métiers ainsi que des pratiques d’accompagnement vers plus d’inclusion, le développement du pouvoir d’agir tant pour les personnes concernées que pour les professionnels. Les évolutions réglementaires liées aux évaluations des ESMS et la nécessité d’assumer une véritable démarche d’amélioration continue de la qualité des services impactent aussi fortement le milieu. 

 

Qu’est-ce qui vous plaisait le plus en tant que responsable d’un foyer de vie ?

 

Ce qui me plaisait le plus, c'était le management, l’accompagnement des équipes et professionnels. 

J’essayais toujours qu’ils puissent trouver le juste équilibre entre leurs aspirations professionnelles et personnelles. Je voulais qu’ils se réalisent dans leur travail en leur faisant totalement confiance dans leurs initiatives, leur donner le maximum d’autonomie tout en étant toujours présent en cas de besoin ; C’est d’autant plus important dans le médico-social où le soutien et la confiance aux professionnels et équipes de terrain est primordiale.

 

Quelles sont les qualités à avoir dans le monde des travailleurs sociaux ?

 

En tant que responsable d’établissement, la première qualité est la sérénité par rapport aux évènements. La routine n’existe pas, il se passe des choses chaque jour. Nous avons une charge mentale très forte car on s’occupe de l’humain dans un environnement vulnérable et complexe, la situation peut vite dégénérer. Il faut donc faire preuve de calme pour pouvoir anticiper et gérer au mieux ces situations. De plus, le responsable doit soutenir ses équipes et leur laisser l’initiative de l’action. Il doit donc être à l’écoute et surtout être humble. En tant que responsable de site, on est très peu sur le terrain et on ne sait que trop peu ce que les professionnels y vivent, il faut donc leur faire confiance, les soutenir et développer leur propre “pouvoir d’agir”.

Avez-vous un conseil à donner aux jeunes diplômés qui s’apprêtent à intégrer le marché de l’emploi ? 

Si j’avais un conseil à leur donner, c’est de mettre une limite entre vie personnelle et professionnelle. Le médico-social est un domaine très prenant, où l’on s’implique physiquement et émotionnellement. Il faut prendre du recul et faire la part des choses. Mais c’est un métier passionnant qui vous apprend beaucoup tant professionnellement que personnellement.

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