Citoyenneté, environnement et travail social : "Tentatives" à l’Enseis de la Loire (Firminy)

Citoyenneté, environnement et travail social :  "Tentatives" à l’Enseis de la Loire (Firminy)

Parler de l’environnement aux étudiants, faire vivre la question de la dérive climatique en cours en institut de formation … Vaste sujet, qu’il est difficile de savoir par quel bout attraper. Parce que : « ce n’est pas la priorité avec les personnes que l’on accompagne », ou alors : « nous avons déjà tellement de choses à travailler sur le terrain pour ne pas encore se voir ajouter de l’écologie ». C’est vrai, et pourtant il faut bien commencer quelque part, puisque l’urgence est là et que les multiples rapports scientifiques viennent nous le confirmer jour après jour. C’est pourquoi, devant l’ampleur de la tâche, l’une de nos réactions naturelles reste « de ne pas croire ce que nous savons », comme peut nous l’écrire Jean-Pierre Dupuy dans son ouvrage « Pour un catastrophisme éclairé » (2002). Comment alors en parler sans culpabiliser ? Le mettre au travail sans décourager ?

               Après une première séance de diffusion de quelques courts documents vidéos sur le sujet, nous avons demandé aux étudiants de la promotion XENIA ce qu’ils pensaient de cette question, et comment ils parvenaient à se projeter comme travailleurs sociaux « dans le monde qui vient ». Ce monde où la question du réchauffement climatique résonne allégrement avec la montée des inégalités et le retour de conflits géopolitiques majeurs. Une fois les documents visionnés, et face à nos interrogations, des ressentis hétérogènes ont pu émerger, comme le soulagement : « enfin vous nous parlez de ça ! », la colère « ne nous faites pas la leçon ! On ne vous a pas attendu pour faire ce que l’on pouvait à notre niveau ! » ou le déni : « seuls nos petits-enfants en verront les conséquences ».

               Au regard de ces retours, et pour pouvoir alors construire une deuxième séance sur ce sujet, il nous a semblé important de ne pas se focaliser uniquement sur les impacts du réchauffement climatique dans notre pratique en travail social, mais d’étendre cette thématique à l’environnement entendu comme tout ce qui nous entoure : le climat, l’écologie, notre rapport au vivant, mais aussi notre rapport au monde au sens large : comment s’informe-t-on ? Comment s’intéresse-t-on à l’actualité et pourquoi est-ce indispensable dans la pratique de l’éducateur spécialisé ? Il nous a semblé essentiel également de laisser le choix aux étudiants sur la suite qu’il souhaitait donner à la première séance que nous leur avions proposée. Ce qui ne signifie de rendre cette deuxième séance facultative mais simplement leur permettre de s’investir en fonction de leurs envies/possibilités concernant cette thématique potentiellement anxiogène et culpabilisante.

               Ainsi, le mardi 5 mars, 5 ateliers différents leur ont été proposés, déclinés comme autant de sous-parties reliées à une thématique principale : « se projeter comme travailleur social dans un environnement en mutation ». Les étudiants ont alors pu s’exercer à l’écriture pour imaginer leur avenir comme travailleur social, réfléchir à leur manière de s’informer autour de la création de bulles informationnelles et des moyens qu’ils pourraient trouver pour les « éclater », s’initier à l’arpentage en lisant à plusieurs un même document afin de mutualiser leurs compétences, travailler à la proposition d’initiatives permettant de passer concrètement à l’action sur  le site de l’ENSEIS de Firminy et, enfin, bénéficier d’un atelier « fresque du climat » leur permettant d’en savoir plus sur les bouleversements climatiques à l’œuvre et leurs conséquences.

               La suite à donner à cet après-midi-là n’est pas encore écrite. Ce n’est qu'un début, encore insatisfaisant, qui reste en chantier, mais les retours sont plutôt positifs et nous encouragent à chercher à pérenniser l’inscription de temps dédiés au travail de cette thématique dans notre formation dispensée aux travailleurs sociaux de demain. Trouver les moyens de faire vivre cette question dans notre quotidien de travail, à l’institut de formation, pour se sentir agir pas à pas, sans fermer les yeux sur le monde qui nous entoure, ni se sur-culpabiliser. Un entre-deux, vers une prise de conscience progressive assortie d’initiatives créatrices. Des « tentatives » en somme, comme peut en témoigner l’affichage visible dans la salle de travail attenante au centre de documentation concernant la fresque du climat, exposé pour plusieurs semaines encore.

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